Le débat sur l’avion n’en est plus un. Face à l’urgence climatique, continuer de considérer le transport aérien comme une option de voyage anodine relève du déni. Un simple aller-retour long-courrier peut anéantir en quelques heures l’ensemble des efforts écologiques d’une personne pour une année entière. Pourtant, l’industrie aéronautique, soutenue par des discours politiques rassurants, minimise son impact avec des chiffres trompeurs et des promesses technologiques lointaines.

Loin d’être un simple chiffre dans les statistiques mondiales, l’impact de l’avion est une question de justice sociale. Il creuse les inégalités entre une minorité ultra-mobile et le reste du monde qui subit de plein fouet les conséquences d’un dérèglement climatique auquel elle n’a que peu contribué. Il est temps de déconstruire les mythes et de regarder la réalité en face : repenser nos déplacements, et en particulier notre rapport à l’avion, n’est pas un sacrifice, mais un choix de société lucide et nécessaire pour préserver un avenir vivable.

Faut-il vraiment arrêter de prendre l’avion pour sauver la planète ?

La question de l’impact de l’avion est souvent balayée d’un revers de main avec un chiffre qui semble rassurant : « ça ne représente que 2 à 3 % des émissions mondiales de CO2 ». Cet argument, que tu as sûrement déjà entendu, est l’exemple parfait du « whataboutisme » : une stratégie de diversion qui consiste à pointer un autre problème pour minimiser le sien. « Oui, mais la voiture alors ? Et l’industrie ? ». Soyons clairs : dans la course contre la montre qu’est la lutte climatique, chaque pourcentage, chaque tonne de CO2 compte. Nous devons absolument tout remettre en question, et l’avion ne fait pas exception. L’objectif pour un citoyen français est de ramener son empreinte carbone, actuellement autour de 10 tonnes de CO2 équivalent (CO2eq) par an, à un maximum de 2 tonnes d’ici 2050. C’est un effort colossal. Maintenant, regarde ce que « coûte » un simple voyage. Un aller-retour Paris-New York ? C’est plus de 2 tonnes de CO2eq par passager. En un seul voyage, tu as déjà épuisé ton budget carbone annuel complet. Il ne te reste plus rien pour te chauffer, te nourrir, te déplacer au quotidien… Un Paris-Bali, c’est encore pire. Si tu as de la famille ou des amis à Sydney ou à Shanghai, il est peut-être temps de devenir un pro de la visioconférence.

Mais alors, pourquoi trouve-t-on des chiffres si différents selon les calculateurs ? La plupart des simulateurs, notamment ceux des compagnies aériennes ou même celui de la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), ont une fâcheuse tendance à n’inclure que le CO2 émis par la combustion du kérosène. Or, l’impact de l’aviation est bien plus complexe. Le véritable problème, ce sont les effets « non-CO2 ». Quand un avion vole à haute altitude, il libère de la vapeur d’eau et des oxydes d’azote qui créent des traînées de condensation et des nuages artificiels (les cirrus). Ces nuages piègent la chaleur et ont un effet réchauffant puissant. En prenant en compte ces effets, l’impact réel de l’avion sur le climat est multiplié par deux, voire par trois ! C’est ce qu’on appelle le forçage radiatif. La plupart des acteurs du secteur, comme Air France ou Lufthansa, préfèrent oublier ce détail dans leur communication, car il rend la situation beaucoup moins présentable.

Le fameux « 2 % » est donc une manipulation statistique. Ce chiffre ne prend en compte que les émissions directes de CO2 et, pire encore, les inventaires nationaux comme celui de la France n’incluent que les vols domestiques (France métropolitaine et Outre-mer). Les vols internationaux, qui représentent la majorité du trafic, ne sont comptabilisés dans aucun bilan national ! C’est un tour de passe-passe qui permet à l’aviation d’échapper à la plupart des politiques climatiques. Si on intègre les vols internationaux au départ de la France, l’impact de l’aérien grimpe soudainement à 4,4 % des émissions totales du pays et 13,7 % des émissions du secteur des transports. On est déjà bien loin du petit chiffre anodin brandi par les lobbyistes. C’est un peu comme si on demandait à un banquier de fixer lui-même ses propres règles de contrôle : le résultat est prévisible. Le secteur, via l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), s’autorégule et protège ses intérêts, au détriment de l’intérêt général.

  • ✈️ CO2 direct : Émis par la combustion du kérosène. C’est la partie visible de l’iceberg.
  • ☁️ Traînées de condensation et cirrus : Nuages artificiels créés à haute altitude qui piègent la chaleur. Leur effet réchauffant est au moins aussi important que celui du CO2.
  • 💨 Oxydes d’azote (NOx) : Ils contribuent à la formation d’ozone (un gaz à effet de serre) et à la destruction du méthane. L’effet global est réchauffant.
  • ⚫️ Suie et aérosols : Particules fines qui ont également un impact complexe sur le climat.

Il est donc crucial de comprendre que l’impact de chaque vol est bien plus élevé que ce que l’on nous présente. Penser qu’on peut continuer à prendre l’avion, même de manière « raisonnable », tout en respectant nos objectifs climatiques est une illusion. Chaque billet acheté pour un vol long-courrier est un vote pour un avenir plus chaud.

Élément pris en compte Calculateur Simplifié (type DGAC) Calculateur Complet (type climatMundi) Impact sur le résultat 🌍
CO2 direct ✅ Oui ✅ Oui La base du calcul, mais insuffisante.
Effets non-CO2 (traînées, etc.) ❌ Non ✅ Oui Multiplie l’impact par un facteur 2 à 3 ! C’est la différence majeure.
Extraction & Raffinage ❌ Non ✅ Oui (parfois) Ajoute environ 20 % aux émissions du vol.
Résultat pour Paris-New York A/R ~ 1 tonne CO2 > 2 tonnes CO2eq Le résultat passe du simple au double (voire triple), changeant complètement la perception du voyage.
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Notre Choix : penser l’avion autrement face à l’injustice climatique

Au-delà des chiffres bruts, l’avion est un puissant révélateur des inégalités qui fracturent notre monde. C’est un symbole de l’injustice climatique. Pourquoi ? Parce que les voyages en avion sont massivement concentrés sur une toute petite partie de la population mondiale, la plus aisée. Les statistiques sont sans appel : entre 80 et 90 % de la population mondiale n’a jamais mis les pieds dans un avion. À l’inverse, 1 % de la population mondiale est responsable de la moitié des émissions de l’aviation commerciale. Ce sont les ménages les plus riches qui prennent l’avion pour leurs loisirs ou leurs affaires, faisant exploser une empreinte carbone déjà bien supérieure à la moyenne. Pendant ce temps, les premières victimes du changement climatique – sécheresses, inondations, montée des eaux – sont les populations les plus pauvres, celles qui, pour la plupart, ne voleront jamais.

Ce déséquilibre est particulièrement visible en France. Selon une étude de l’Ademe, une large majorité de Français prend l’avion moins d’une fois par an. En 2023, 56 % des personnes interrogées déclaraient ne pas prendre l’avion pour leurs loisirs, une tendance en forte hausse. On est loin de l’image d’Épinal où vacances riment forcément avec aéroport. Il faut aussi se rappeler qu’environ 40 % des Français ne sont même pas partis en vacances durant l’été 2023, principalement par manque de moyens. La réalité, c’est que l’usage de l’avion est un marqueur social. Il suffit de regarder l’exemple de Paris : au sein de l’empreinte carbone de la capitale, le transport aérien représente 33 % des émissions. Ce chiffre ahurissant montre bien que les émissions sont délocalisées. Ce sont les voyages des Parisiens (et des touristes qui s’y rendent) qui pèsent si lourd, et non l’activité locale.

Cette concentration des émissions pose une question éthique fondamentale. Est-il juste que le confort et les loisirs d’une minorité privilégiée compromettent l’avenir et les conditions de vie de milliards d’autres personnes ? Les influenceurs qui enchaînent les allers-retours à Dubaï, les « digital nomads » qui vantent un mode de vie basé sur des vols low-cost opérés par Ryanair ou EasyJet, et les cadres qui multiplient les voyages d’affaires banalisent un comportement écologiquement insoutenable. Leur empreinte ne se limite pas à leurs propres vols ; elle incite des milliers de personnes à suivre leur exemple. Il est urgent de déconstruire cette culture de l’hyper-mobilité et de reconnaître que voyager loin et souvent n’est ni un droit, ni une fatalité, mais un privilège au coût environnemental exorbitant. La situation actuelle, exacerbée par des événements comme les incendies dévastateurs au Canada, nous rappelle que les conséquences du réchauffement ne sont pas abstraites.

Bien sûr, la situation est complexe pour les personnes ayant de la famille à l’étranger, par exemple dans les territoires d’Outre-mer desservis par des compagnies comme Air Austral, ou sur d’autres continents. Voir ses proches est un besoin humain fondamental. Mais l’urgence climatique nous oblige à questionner même ces voyages. Un aller-retour annuel pour voir sa famille en Australie équivaut à trois fois le budget carbone annuel recommandé. Peut-on continuer à considérer cela comme « normal » ? Des solutions comme des quotas de vols par personne, avec des exceptions pour des motifs impérieux (santé, rapprochement familial encadré), sont proposées par certains politiques. C’est un débat de société que nous devons avoir, pour décider collectivement ce qui est essentiel et ce qui relève du superflu. Car le loisir des uns ne peut plus se faire au détriment de la survie des autres.

  • 🌍 80-90% de la population mondiale n’a jamais pris l’avion.
  • 💰 1% des voyageurs les plus fréquents causent 50% des émissions de l’aviation.
  • 🇫🇷 56% des Français déclarent ne pas prendre l’avion pour leurs loisirs.
  • 👨‍👩‍👧‍👦 La majorité des vols sont effectués par des personnes issues des catégories socio-professionnelles les plus aisées.
Catégorie de revenu Part des voyages en avion (%) Empreinte carbone moyenne (tonnes CO2eq/an) Exemple d’impact ✈️
Les 10% les plus modestes Très faible ~3-5 tonnes Ne prennent quasiment jamais l’avion.
Classes moyennes Modérée ~8-12 tonnes Un vol moyen-courrier par an peut représenter 10-20% de leur empreinte.
Les 10% les plus aisés Élevée > 20 tonnes Plusieurs vols long-courriers par an, faisant exploser leur bilan carbone.

A quel point l’avion pollue ? Le grand cirque du greenwashing

Face à la montée du mouvement « flygskam » (la honte de prendre l’avion) et à une prise de conscience citoyenne grandissante, l’industrie aéronautique a sorti l’artillerie lourde : le greenwashing. L’objectif n’est pas de changer en profondeur, mais de gagner du temps et de rassurer les consciences pour que, surtout, rien ne change. Tu as sans doute vu passer ces publicités pour des « vols neutres en carbone » ou ces programmes où Air France te propose de « compenser » ton vol en plantant un arbre. C’est une stratégie de communication bien rodée, mais qui ne résout absolument rien. La compensation carbone est au mieux une distraction, au pire une arnaque intellectuelle. Planter un arbre aujourd’hui ne compensera les émissions de ton vol que dans plusieurs décennies, à condition que l’arbre ne brûle pas ou ne soit pas coupé d’ici là. C’est une façon de se payer une bonne conscience à bas prix.

L’autre grande promesse, c’est celle de l’avion « vert » ou de l’avion à hydrogène. Des figures politiques ont même évoqué, avec un aplomb déconcertant, un « avion zéro carbone pour 2035 ». C’est de la pure science-fiction. Les experts s’accordent à dire que si des solutions technologiques émergeront peut-être un jour, elles n’arriveront ni assez vite, ni à l’échelle requise pour répondre à l’urgence climatique. Un avion à hydrogène, par exemple, nécessiterait de revoir entièrement la conception des appareils, les infrastructures aéroportuaires et de produire des quantités colossales d’hydrogène « vert » (produit avec des énergies renouvelables), alors que nous peinons déjà à décarboner notre production électrique actuelle. C’est un mirage technologique qui sert surtout à justifier l’inaction présente et à encourager la croissance du trafic.

Car c’est là que se situe le vrai problème : les progrès techniques, bien que réels, sont systématiquement annulés, et même dépassés, par l’augmentation du trafic. C’est le fameux paradoxe de Jevons. Chaque amélioration de l’efficacité énergétique d’un avion (qui consomme moins de carburant) permet aux compagnies, notamment les low-cost comme Volotea ou Transavia, de baisser le prix des billets, ce qui stimule la demande et entraîne une augmentation du nombre total de vols. Le résultat final est une hausse des émissions globales. Historiquement, les innovations dans l’aéronautique ont toujours été motivées par des raisons économiques (réduire les coûts de carburant) et non écologiques. Le vernis « vert » n’est qu’une stratégie marketing récente pour répondre à la pression sociétale. Le greenwashing s’infiltre même là où on ne l’attend pas, comme dans les manuels scolaires où l’on peut voir des pages sponsorisées par l’industrie présentant l’avion comme un moyen de transport d’avenir, propre et responsable. C’est un conditionnement dès le plus jeune âge pour pérenniser un modèle qui n’est plus soutenable.

Il est donc essentiel d’apprendre à décrypter ces discours. Quand une compagnie comme KLM ou British Airways met en avant ses investissements dans les « carburants d’aviation durables » (SAF), il faut regarder les détails. Ces biocarburants sont produits en quantité infime, coûtent une fortune et leur durabilité est souvent très discutable (compétition avec les terres agricoles, déforestation). Ils ne représentent aujourd’hui qu’une goutte d’eau dans l’océan de kérosène consommé chaque jour. Ne soyons pas dupes : la solution ne viendra pas d’une technologie miracle qui nous permettra de continuer à voler comme avant. Elle viendra d’une remise en question profonde de notre besoin de nous déplacer si loin, si vite et si souvent.

  • 🌳 Compensation carbone : Souvent inefficace et sert de caution morale pour continuer à polluer.
  • ✈️ Avion à hydrogène/électrique : Une solution lointaine, qui n’arrivera pas à temps pour respecter nos objectifs climatiques et qui pose d’énormes défis techniques et énergétiques.
  • 🌿 Biocarburants (SAF) : Disponibles en très faibles quantités, très chers et leur production peut avoir des impacts négatifs (déforestation, usage des terres).
  • 📉 Amélioration de l’efficacité : Systématiquement absorbée par la croissance du trafic aérien (paradoxe de Jevons).
Promesse de l’industrie La réalité derrière le discours 🧐 Exemple concret
« Volez neutre en carbone » La compensation est un leurre qui ne réduit pas les émissions à la source. Proposer de planter un arbre pour un vol Paris-Tokyo. L’arbre mettra 50 ans à absorber le CO2, si tout va bien.
« L’avion à hydrogène pour 2035 » Technologiquement et industriellement irréalisable à cette échéance pour les vols long-courriers. Annonces politiques qui créent un faux espoir et retardent les vraies décisions de modération.
« Nos avions sont 20% plus efficaces » Vrai, mais cette efficacité est surcompensée par une augmentation du trafic de 5% par an (avant la crise). Une compagnie remplace sa flotte, baisse ses prix, et attire plus de passagers. Bilan : + d’émissions.
« Nous utilisons des carburants durables » Les SAF représentent moins de 0,1% du carburant utilisé. C’est une communication disproportionnée par rapport à la réalité. Un vol « démonstratif » avec 30% de SAF fait les gros titres, mais 99,9% des autres vols tournent au kérosène fossile.
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Peut-on vraiment sauver la planète en arrêtant de prendre l’avion ?

C’est l’un des arguments les plus tenaces, souvent teinté d’un certain fatalisme : « À quoi bon ? L’avion décollera de toute façon, que je sois dedans ou pas. Autant en profiter ! ». Cette phrase, tu l’as peut-être déjà entendue, ou même pensée. Elle est compréhensible, car elle touche à notre sentiment d’impuissance face à un système qui nous dépasse. Pourtant, ce raisonnement est un piège qui nous enferme dans l’inaction. La première réponse est simple et relève de la logique économique la plus élémentaire, celle que même les plus fervents défenseurs du capitalisme ne peuvent nier : l’offre suit la demande. Comme le disait Coluche avec son bon sens habituel : « Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas ». Une compagnie aérienne est une entreprise dont le but est d’être rentable. Si de moins en moins de billets sont achetés pour une ligne, celle-ci deviendra déficitaire. À court terme, la compagnie pourra faire voler des avions à moitié vides (comme on l’a vu pendant la crise du Covid, donnant lieu à des scandales de « vols fantômes »), mais sur le long terme, aucune entreprise ne peut se permettre de perdre de l’argent. La ligne sera réduite, puis supprimée.

L’action individuelle est donc loin d’être vaine. Chaque siège que tu décides de ne pas occuper est un signal envoyé au marché. Si des milliers, puis des millions de personnes font ce choix, l’impact devient collectif et force le système à s’adapter. Cet argument est d’ailleurs valable pour tous les modes de transport. Penses-tu que la SNCF maintiendrait des lignes de train si elles étaient systématiquement vides ? Bien sûr que non. L’action individuelle et l’action collective ne s’opposent pas, elles se nourrissent mutuellement. Nos choix personnels créent une nouvelle norme sociale, qui à son tour pousse les politiques à prendre des mesures plus courageuses. Imagine un monde où refuser un vol pour un week-end à Lisbonne devient aussi banal que de trier ses déchets. C’est en changeant les comportements que l’on change les mentalités, et in fine, les lois.

Au-delà de la logique économique, il y a une dimension morale et éthique. Dire « l’avion partira de toute façon » revient à dire, en allant chez le boucher, « l’animal est déjà mort, autant que j’en profite ». Cela déresponsabilise complètement nos actes, comme si nous étions forcés de participer à un système que nous désapprouvons. C’est une posture de passivité. Choisir de ne pas prendre l’avion, c’est au contraire affirmer ses valeurs et reprendre le contrôle. C’est un acte de cohérence. L’exemplarité joue aussi un rôle crucial, surtout pour les personnes ayant une certaine visibilité. Le problème n’est pas seulement de faire un choix pour soi, mais aussi d’influencer positivement son entourage. Quand on explique calmement à ses amis ou à son employeur pourquoi on préfère le train ou pourquoi on a choisi une destination de vacances plus proche, on sème des graines qui peuvent germer. Ce qui est certain, c’est que le changement ne viendra pas de nos dirigeants, qui continuent de soutenir des projets climaticides comme l’agrandissement d’aéroports, en totale contradiction avec leurs engagements. Ce sont nos actions qui créeront la pression nécessaire pour les faire bouger.

  • 📉 Offre et demande : Moins de passagers = vols moins rentables = moins de vols à terme.
  • 📢 Signal politique : Un boycott massif envoie un message clair aux gouvernements et aux entreprises.
  • 🤝 Action collective : Les choix individuels, lorsqu’ils sont nombreux, créent une nouvelle norme sociale et un mouvement collectif.
  • 🌍 Cohérence éthique : Aligner ses actions avec ses valeurs est un puissant moteur de changement personnel et social.

Le boycott individuel n’est donc pas un geste isolé et inutile, mais la première pierre d’un édifice bien plus grand. C’est un acte de résistance citoyenne face à un modèle de développement qui nous mène droit dans le mur.

Argument de l’inaction Contre-argument pour l’action ✅ Impact à long terme
« Mon siège sera vide, ça ne change rien. » Chaque siège vide réduit la rentabilité du vol. C’est un signal pour la compagnie. Réduction de la fréquence des vols, voire suppression de la ligne.
« C’est aux gouvernements d’agir, pas à moi. » Les gouvernements agissent sous la pression citoyenne. Nos choix créent cette pression. Mise en place de régulations plus strictes (taxes, quotas, interdictions).
« Je suis seul(e) à faire cet effort. » Tu ne l’es pas. Le mouvement grandit et ton exemple inspire les autres (famille, amis, collègues). Changement des normes sociales : prendre l’avion pour un rien devient « mal vu ».
« C’est trop contraignant, je perds ma liberté. » La vraie liberté, c’est de choisir un avenir vivable. Le changement climatique imposera des contraintes bien plus sévères. Invention de nouvelles formes de voyage, plus riches et plus respectueuses.

Faut-il arrêter de prendre l’avion ? Les alternatives pour voyager autrement

Arrêter ou réduire drastiquement l’avion ne signifie pas la fin du voyage. Au contraire, c’est une formidable opportunité de le réinventer, de le rendre plus riche, plus lent et plus authentique. Nous avons été conditionnés à penser que « voyager » équivaut à « prendre l’avion pour aller loin ». Il est temps de décoloniser notre imaginaire. La première étape, la plus simple, est de redécouvrir ce qui nous entoure. La France, par exemple, est le pays le plus visité au monde, et pourtant, combien d’entre nous connaissent vraiment ses trésors cachés ? Des Alpes aux côtes bretonnes, des Cévennes au Jura, les possibilités d’évasion sont infinies, accessibles en train, en bus, à vélo ou même à pied. Le « slow travel », ou voyage lent, est une philosophie qui privilégie l’expérience à la destination. Il s’agit de prendre le temps de s’imprégner d’un lieu, de rencontrer ses habitants, de sortir des sentiers battus du tourisme de masse qui, rappelons-le, est une catastrophe écologique et sociale souvent alimentée par les vols low-cost de compagnies comme Ryanair.

Pour les destinations européennes, le train est une alternative de plus en plus crédible. Les réseaux de trains de nuit connaissent une véritable renaissance, permettant de s’endormir à Paris et de se réveiller à Vienne, Berlin ou Milan. C’est une expérience en soi, une transition douce entre deux cultures. Certes, le train est parfois plus cher que l’avion, une absurdité économique due à l’absence de taxe sur le kérosène et aux subventions massives dont bénéficie le secteur aérien. C’est là que la régulation politique doit intervenir pour rétablir une concurrence équitable. Mais même aujourd’hui, en s’y prenant à l’avance et en étant flexible, il est possible de trouver des voyages en train à des prix raisonnables. Des compagnies comme Air Canada ou d’autres transporteurs internationaux devront aussi s’adapter à une régulation plus forte, qui est inévitable pour aligner le secteur sur l’Accord de Paris.

Le sociologue Rodolphe Christin, dans son « Manuel de l’antitourisme », prône une réhabilitation du voyage, celui du temps long, de l’incertitude et de l’aventure, loin du produit de consommation calibré qu’est devenu le tourisme moderne. Cela peut passer par des voyages à vélo le long des fleuves européens, des randonnées de plusieurs jours en montagne, ou même l’exploration de sa propre région avec un regard neuf. Et pour les liens avec la famille ou les amis à l’autre bout du monde ? La technologie offre aujourd’hui des moyens de communication incroyablement immersifs qui permettent de maintenir un lien social fort sans exploser son bilan carbone. Il ne s’agit pas de remplacer complètement les relations humaines, mais de questionner la fréquence et la nécessité de chaque déplacement physique. Parfois, un long voyage tous les 5 ou 10 ans, vécu comme un événement exceptionnel, a plus de valeur qu’un aller-retour annuel banalisé. Explorer d’autres cultures peut aussi se faire à travers les livres, les films, la cuisine, ou en allant à la rencontre des diasporas présentes près de chez nous. On peut découvrir le Japon sans y prendre un vol, par exemple en s’immergeant dans sa culture à travers des ateliers ou des lectures passionnantes.

Le changement doit être collectif. Il faut soutenir les initiatives qui développent les alternatives (pistes cyclables, lignes de train, etc.) et exiger des politiques publiques courageuses : taxer le kérosène, instaurer des quotas de vols, interdire les vols courts quand une alternative en train existe, et arrêter toute extension d’aéroport. Il ne s’agit pas de s’enfermer chez soi, mais de « mieux se déplacer, moins se déplacer ». C’est un choix de société qui nous invite à repenser notre rapport au temps, à la distance et à la découverte. C’est choisir l’émerveillement de la proximité plutôt que la frénésie du lointain.

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